D’emblée, Lacroix nous prévient : le premier tome devait couvrir les silicates et les titanates. C’était mission impossible en un seul volume de près de 800 pages. La moitié de ce nouveau volume, du même acabit, devra donc clôturer cette partie de la classification, avec les « Métasilicates » et les « Polysilicates », avec une très grosse partie évidemment consacrée aux feldspaths, avant d’enchaîner en deuxième partie sur les « Corps simples natifs » (grosso modo, nos éléments natifs, dont 20 pages sur l’or, mais pas que…), puis les « Carbures, Sulfures, Phosphures, Arséniures et Antimoniures », et autres « Sulfosels », « Chlorures, Bromures, Iodures et Fluorures » (ça vous fait aussi le même effet, ces longues listes de termes qui riment entre eux ?).

Tout cela avec la promesse d’un volume supplémentaire par rapport à ce qui était prévu (pour notre plus grand plaisir).

Sur les quelque 800 pages de ce second volume, près de 60 sont consacrées à la pyrite !

Un passage à méditer et qui résume, à mon avis, le sens même du travail d’un homme comme Alfred Lacroix (et qui parle à l’oreille de l’amateur de cailloux) :

J’espère que les efforts que j’ai faits […] ne seront pas perdus et montreront — ce qui semble presque oublié en France — que l’étude des questions rattachant la minéralogie à l’histoire naturelle n’est pas sans offrir quelque intérêt général et mérite mieux que l’intérêt restreint qu’on lui accorde généralement.


Le tome 2 du Lacroix est donc divisé en deux parties, parfois réunies, parfois séparées, comme c’est le cas chez Gallica. Ainsi, les deux liens Gallica fournis sur cette page renvoient respectivement aux première et deuxième parties du tome 2 (respectivement 352 et 452 pages). Le document PDF, quant à lui, contient déjà les deux parties.

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Introduction de l’auteur :

Lorsqu’il y a trois ans, j’ai entrepris la publication de ma Minéralogie de la France et de ses colonies, j’avais un double but.

Je me proposais tout d’abord d’étudier en détail et à tous les points de vue les minéraux antérieurement signalés dans notre pays, en y ajoutant ceux que j’y ai trouvés moi-même en très grand nombre. La comparaison des documents publiés dans mon premier volume, avec ceux qui sont donnés dans les ouvrages récents les plus complets, ne laissera, je l’espère, aucun doute dans l’esprit de mes lecteurs, sur l’exactitude de l’opinion que je formulais en 1893 relativement aux causes de la pauvreté minéralogique, tout apparente, du territoire français. Je ne doute pas que la lecture de la fin de mon livre ne confirme encore cette première impression.

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D’autre part, dans tous les traités de minéralogie publiés jusqu’à présent, les minéraux sont surtout étudiés au point de vue de leurs propriétés intrinsèques. Je ne crois pas que l’on ait cherché, dans aucun ouvrage d’ensemble, à déterminer d’une façon méthodique toutes les conditions de gisement des espèces minérales et à passer en revue les formes sous lesquelles ces espèces se présentent dans chacun d’entre eux. De plus, l’étude des minéraux considérés comme éléments de roche est toujours systématiquement reléguée dans des ouvrages spéciaux.

C’est un travail de détermination de toutes les conditions de gisement des minéraux d’un grand pays qui constitue la seconde partie de mon plan. Ayant moi-même visité la plupart des régions dont je parle, il m’a été possible d’apporter sur cette question de nombreux documents nouveaux et une réelle précision dans leur examen.

J’espère que les efforts que j’ai faits dans cet ordre d’idées ne seront pas perdus et montreront — ce qui semble presque oublié en France — que l’étude des questions rattachant la minéralogie à l’histoire naturelle n’est pas sans offrir quelque intérêt général et mérite mieux que l’intérêt restreint qu’on lui accorde généralement. La minéralogie ainsi comprise cesse d’être une simple annexe des sciences mathématiques et physico-chimiques pour former une science ayant sa raison d’être en elle-même et éclairant de nombreuses questions géologiques.

L’exécution de ce plan m’a entraîné plus loin que je ne le pensais tout d’abord. À l’origine, je comptais pouvoir traiter tous les Silicates et Titanates dans un premier volume et en consacrer un second aux autres classes de minéraux. L’abondance de matières me force à réserver la moitié du tome II à la fin de l’histoire des Silicates et Titanates et à augmenter mon ouvrage d’un volume.

La plupart des personnes qui m’ont aidé de leurs communications pour mon premier volume ont bien voulu les continuer ; je tiens à leur en témoigner ma reconnaissance, ainsi qu’à tous ceux qui depuis lors m’ont procuré de nouveaux documents, et parmi lesquels je citerai : MM. Bouhard, Berthier, Carnot, Gaubert, Gentil, Mourgues, Tirlet, Vernières, et tout particulièrement M. Nentien.

Paris, 2 janvier 1896
A. LACROIX

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