carte de france des gites

Il n’y a pas si longtemps, avant internet, ces huit documents constituaient une source intéressante d’information sur les gîtes minéraux. Mais c’est surtout la carte qui accompagne chaque livret qui, en plus d’être superbe, en fait aujourd’hui le véritable intérêt.

Le document lui-même n’est, quant à lui, qu’un immense tableau appelé le catalogue (voir plus bas Comment ça se lit ?)[1]Catalogue certes, mais qui avait le mérite d’être exhaustif, tant en nombre de gîtes (littéralement des milliers !) qu’en termes de détail. Évidemment, ces informations ont vieilli, … Lire la suite. [2]Jean Meloux, du BRGM, en détaillait l’origine dans un long article de Minéraux et Fossiles — 80 : voir plus bas.

Carte des gites mineraux de la france close up
Un zoom sur une des cartes — vous voyez où ça se trouve ?

D’ailleurs, cette collection se nomme bien « Carte des gîtes minéraux de la France » et non pas « tableau synoptique des gîtes minéraux de la France ».

Aujourd’hui, le tableau, ou son équivalent numérique, c’est la BDSS, la Banque de données sur sous-sol du BRGM, visualisable sur InfoTerre, avec les fonds de carte de votre choix, et toutes les données, et plus encore ; ils sont accessibles en quelques clics[3]Lire l’article InfoTerre — BRGM..

carte des gites mineraux de france
Cliquer pour voir l’assemblage

C’est la feuille de Lyon qui a été publiée en premier en 1978, et c’est celle de Lille-Bruxelles qui a fermé le bal en 1986 (huit ans, huit zones géographiques), après 4009 gîtes recensés, rien que pour la France (et 553 pour les pays limitrophes)

C’est parce que cet ensemble de documents constitue une véritable mémoire, mémoire graphique notamment, que j’ai choisi de les faire figurer dans cet inventaire.



Une carte de gîtes minéraux, comment ça se lit ?

Explications du catalogue

[4]Extrait de la feuille de Lyon. Tous les gîtes français répartis sur la carte à 1/500 000 ont été au préalable recensés et localisés sur les feuilles topographiques correspondantes à 1/50 000. Pour chaque coupure à 1/50 000, ils ont été également regroupés dans des tableaux dont l’ensemble constitue le catalogue.

Les gîtes sont donc classés :

  1. par feuille topographique suivant leur ordre de numérotation, établi en allant d’ouest en est et en commençant par le Nord ;
  2. par ordre alphabétique dans un index avec renvoi pour chacun des gîtes à la coupure 1/50 000 correspondante ;

Dans les tableaux, les principaux caractères des gîtes et leur environnement sont repris, précisés et complétés.

carte des gites mineraux de la france nantes page27
Page 27 de la feuille de Nantes
  • La morphologie, les substances principales et la taille économique du gîte sont rappelées suivant les conventions adoptées pour la carte.
  • La localisation géographique est fournie par les noms de feuilles géologiques à 1/50 000 et 1/80 000, le numéro de département et les coordonnées Lambert.
  • Des informations complémentaires sont données : une liste des minéraux caractéristiques, la nature et éventuellement l’âge des terrains encaissants, le tonnage extrait cumulé au 1.1.1977, des références chiffrées qui renvoient à une liste bibliographique.

Enfin, une double numérotation permet d’une part de se référer rapidement à la carte des gîtes minéraux à 1/320 000, d’autre part, d’avoir accès au fichier de la Banque de données du sous-sol du BRGM.

Où peut-on les trouver ?

On peut régulièrement trouver ces cartes de gîtes minéraux sur les sites de vente d’occasion ou sur certains salons de minéraux. La dernière fois que j’ai regardé sur www.minerauxetfossiles.com, on y trouvait encore la feuille de Nantes et celle de Bordeaux (aller voir).

Présentation par l’un des auteurs

Dans le numéro de septembre 1981 de Minéraux & Fossiles, l’un des auteurs, Jean Meloux, partage dans un article de plusieurs pages l’aventure de la carte des gîtes minéraux. Un article précieux car il présente non seulement les précurseurs de la carte, mais projete son regard vers l’avenir. Un article à lire que je prends la liberté de copier ci-dessous.

Résumé

La carte des gîtes minéraux à 1/500 000 en huit feuilles régulières, prend le relais de la carte à 1/320 000 (en grande partie épuisée) et maintient ainsi une tradition française depuis longtemps établie. Cette carte à 1/500 000 se veut d’abord descriptive et montre les principales minéralisations de la France sur un fond topographique détaillé fourni par l’Institut géographique national. Le fond géologique est tiré de la dernière édition de la carte géologique de la France au millionième. Les caractéristiques indiquées pour chaque gîte sont : le nom, la forme, le contenu (substance dominante) et l’importance économique. Chaque feuille est accompagnée d’un catalogue qui présente sous forme de tableau les principales données de tous les gisements notés sur la carte.

La Bretagne a été choisie à titre d’exemple pour suivre l’évolution des recherches minières en France de 1875 à nos jours, à travers trois générations de cartes.

En conclusion, on peut penser que ce type de carte à caractère essentiellement descriptif se maintiendra, mais devra être l’objet de révisions régulières.


C’est à l’homme du XVIe siècle que nous sommes redevables des premières cartes géographiques modernes, sans monstres fantastiques ni figures allégoriques. Abandonnant les conceptions fantaisistes des géographes de l’Antiquité qui firent encore autorité pendant tout le Moyen-âge, l’homme de la Renaissance, assoiffé de conquêtes et de grands espaces, décide de nouvelles cartes qui sont l’expression de sa connaissance récente du monde et le reflet de son mode de pensée. À cette époque, sans doute lui vint l’idée de noter sur ses cartes, les différents terrains qu’il identifiait.

Les cartes minières, une vieille tradition française

Une des plus anciennes cartes connues sur laquelle figurent des données de nature géologique et minéralogique est attribuée à l’abbé Coulon qui publia en 1664 une petite esquisse géographique de la France, où « les traits les plus généraux et les plus simples d’une distribution méthodique des matières minérales (y) sont déjà figurés avec un degré d’exactitude dont on a lieu d’être surpris[5]D’après A. Caillaux (1875) qui le tenait lui-même de E. de Beaumont (1841). ».

Dans un premier temps, les informations recueillies et notées sont uniquement ponctuelles. Sur sa « Carte géographique et minéralogique de la route de Brest à Paris et de Paris à Tobolsk », établie vers 1768, l’abbé Chappe d’Auteroche indique, par de petits symboles, l’emplacement et la nature du terrain — ou de la substance minérale observée en chaque point. Quelques années plus tard, en 1784, M. Guettard regroupe dans un atlas (Carte minéralogique de la France), une série de 45 cartes imprimées en noir et peintes à l’aquarelle. Il note par autant de signes conventionnels différents et sans lien entre eux les principales substances identifiées.

Entre 1840 et 1880 paraît tout un ensemble de cartes, dont celle de A. Caillaud sera le plus beau fleuron. C’est tout d’abord, en 1840, la « Carte minéralogique de la France » a un 1/500 000 dans laquelle A. Dufrénoy et E. de Beaumont entreprennent la première synthèse géologique de la France. De plus, ils classent et regroupent par famille les différentes substances dont ils restreignent les variétés. Ils les définissent ensuite par une couleur associée à une ou deux lettres de l’alphabet latin. Les dépôts houillers ont fait l’objet de soins particuliers. En revanche, les dépôts métalliques sont représentés d’une manière assez fruste. En 1842, l’« Atlas minéralogique de la France », avec sa série de 44 cartes départementales de valeur inégale, recense toutes les exploitations, mines, minières, tourbières et usines connues sur le territoire. En 1847 paraît la « Carte des gîtes métallifères de la France ». Pour la première fois, trois grands ensembles géologiques (terrains sédimentaires, métamorphiques et plutoniques) sont distingués par des couleurs atténuées. Mais l’innovation principale réside dans la tentative de relier par des lignes brisées les gîtes entre eux. Dans le Massif central, grâce à l’abondance des gîtes identiques, des liaisons ont été établies entre ceux qui sont de même nature. Ainsi, plusieurs districts métallifères apparaissent clairement sous la forme de polygones anguleux coloriés vivement. Par contre dans le Massif armoricain, où les gîtes connus et notés sont peu nombreux, une bande multicolore fait le tour de la Bretagne en reliant entre eux tous les gisements sans tenir compte de la nature de leurs constituants.

Néanmoins, la première carte des gîtes minéraux de la France, digne de ce nom, est celle de A. Caillaud à l’échelle de 1/1 250 000 publié en 1875 sous le titre de « Carte minière de la France ». Elle accompagne son ouvrage intitulé « Tableau général et description des mines métalliques et de combustibles minéraux de la France », qui est un vaste répertoire de nos connaissances sur les mines françaises à la fin du XIXe siècle. Cette carte est imprimée en 18 couleurs et utilise déjà les procédés graphiques modernes. Avec utilisation de trames de trait et de points. Les principales unités géologiques ont été représentées, les vieux massifs cristallins avec leur cortège de roches éruptives, les formations Paléozoïques avec distinction des bassins houillers, les formations les plus récentes dites supérieures avec notation des niveaux ferrifères lorrains. Les gîtes sont mentionnés avec leur nom, et les substances minérales dominantes sont indiquées soit par des signes astronomiques traditionnels (le Soleil pour l’or, la Lune pour l’argent, Saturne pour le plomb, Vénus pour le cuivre, Mars pour le fer, Jupiter pour la calamine), soit par des signes figuratifs purement conventionnels. De nombreuses surfaces coloriées en surimpression englobent les gîtes de la même famille et préfigurent les provinces métallogéniques qui seront définies ultérieurement par Delaunay.

Pour clôturer cette période faste de 40 ans, le ministère des Travaux publics dressa sa « Carte géographique-statistique de la production minérale de la France, comprenant les mines, minières, tourbières et salines, exploitées en 1876 » à une échelle voisine de celle de 1/1 500 00. Les districts et gisements sont déjà présentés par des cercles dont la surface est proportionnelle à la production cumulée.

Après ces 40 années fastes, il faudra attendre un demi-siècle la « Carte de principaux gisements miniers de la France et des régions limitrophes » à l’échelle du 1/1 000 000 éditée en 1927 par la Société de documentation industrielle. Ce document sans fond géologique, même succinct, donne la situation des différents domaines miniers (concessions, permis de recherche, permis d’exploitation et carrières en activité) existant en France en précisant leurs limites et les substances recherchées ou exploitées. Ce document cartographique à un millionième sera réactualisé successivement en 1951 puis en 1959 par le BDM (bureau de documentation minière de la direction des mines), et le BRGM, (Bureau de recherches géologiques et minières) associés (« Carte des richesses naturelles de la France »). Et enfin en 1963 par le BDM seul sous le nom de « Carte des ressources minérales de la France ».

À cette même époque, le BRGM fait paraître entre 1960 et 1964, les 14 feuilles de la « Carte des gîtes minéraux de la France » à 1/320 000. Cette carte, qui couvre les principales régions du territoire métropolitain malgré son échelle plus grande, a déjà posé dans sa réalisation de nombreux problèmes relatifs à la sélection des éléments à figurer et sur la hiérarchisation de ceux qui ont été retenus. Le fond topographique délibérément sacrifié et simplifié à l’extrême. La géologie s’affine, mais reste discrète. Un jeu de trames grises pour indiquer les différentes unités chronostratigraphiques, deux couleurs (le rose et le vert) d’intensité variable avec de nombreuses surcharges pour représenter les différentes roches, plutoniques, volcaniques et métamorphiques. Les gisements sont mis en relief pour qu’ils se détachent nettement sur les fonds géologiques et topographiques. Ils sont indiqués par un signe conventionnel intensément colorié qui permet de représenter les caractères essentiels : importance, forme, minéralisation, gangues et roches encaissantes. Les informations devraient être complétées par l’établissement d’une fiche individuelle par gîte ; malheureusement, ce travail n’a pu être mené à son terme et seulement la moitié des gisements ont été fichés. Les substances figurées sont les métaux, certains matériaux nécessaires à l’industrie, et les eaux minérales. Tous les hydrocarbures, qu’ils soient gazeux, liquides, ou solides, ont été exclus. Cette carte, lancée à une époque où ce type de document était encore peu répandu, connut un vif succès. Elle sera suivie par la « Carte des gisements de fer en France », à 1/1 000 000 en deux feuilles. Parallèlement à ces travaux paraissent des cartes spécialisées à petite échelle sur l’Europe, dont une partie concerne les gîtes minéraux de la France. Ce sont, en 1957, la « Carte pétrolière » dans la zone OECE à 1/2 500 000 et, en 1962, la « Carte géopétrolière » dans la zone OCDE à 1/3 750 000.

À partir de 1967, plusieurs cartes d’Europe à un 2/2 500 000 sont élaborées dans le cadre de la Commission de la carte géologique du monde. La France est représentée sur des feuilles différentes suivant les cartes.

  • Carte « métallogénique » des dépôts houillers en Europe : feuilles n° 9 et 10 ;
  • Carte internationale des champs de gaz naturel en Europe : feuilles n° 4 et 7 ;
  • Carte internationale des gisements de fer en Europe : feuille n° 9 (Madrid) et n° 10 (Berne) ;
  • Carte métallogénique de l’Europe : feuille n° 4 (Paris).

Cette dernière carte métallogénie est différente des précédentes cartes françaises dans sa conception, car il s’agit d’une carte partiellement interprétative ou entre nécessairement une plus grande part d’hypothèse. Pour la France, qui est la partie qui nous intéresse plus particulièrement, une des caractéristiques majeures reste la quantité d’informations fournies à propos du cadre dans lequel s’insère le gîte. Sur une surface aussi restreinte que celle de notre territoire à cette échelle, on est surpris de trouver, sous une forme condensée, autant de données qui tendent à fournir une explication sur l’existence du gîte. : ce sont les habituelles indications d’ordre géologique (stratigraphie, pétrographie, lithologie…), mais aussi de nouveaux renseignements de nature très variés (datations absolues, ligne d’épicentre sismique, axe des anomalies gravimétriques ou magnétiques, paléorivages, courbes du niveau du socle…). La forme du gîte lui-même peut se prêter à partir de 3 types simples à plusieurs combinaisons. Toute cette accumulation de renseignements, parfois subtils et difficiles à déceler, rend cette carte très complexe et d’un abord difficile ; sa lecture nécessite une attention soutenue, mais elle s’avère toujours fructueuse.


La nouvelle carte des gîtes minéraux à 1/500 000, principes et méthodes

Cette revue des cartes éditées durant les 2 siècles passés nous montre bien le sens de leur évolution. Toutes tendent avec le temps à augmenter le nombre d’informations et à améliorer la qualité du renseignement transmis tant sur le gîte lui-même que sur son environnement. La carte à 1/500 000 n’échappe pas à cette règle qui découle normalement d’une démarche scientifique. Cette carte dressée à partir d’un projet de légende établi par A. Amberger, J. Leloup et M. Tixeront (1978) se veut d’abord descriptive et doit être considérée comme un document de base ne comportant que des données d’observation, en dehors de toute hypothèse interprétative. Elle reste dans le droit fil de la précédente carte des gîtes minéraux à 1/320 000 dont elle prend le relais.

Le choix de l’échelle peut paraître surprenant, car il devrait a priori conduire à diminuer le nombre de gisements représentés par rapport à celui de la carte antérieure. L’expérience montre que grâce à une symbolique appropriée, cet inconvénient est éliminé et qu’il est au contraire possible d’augmenter le nombre de gîtes sans nuire à la lisibilité de la carte. De plus, à l’échelle retenue, il suffit de 8 feuilles pour couvrir la totalité de notre territoire. L’assemblage donne un document de deux mètres sur deux, facilement maniable et affichable.

Dans un souci de précision, les supports topographiques et géologiques sont beaucoup plus détaillés que sur la carte précédente à 1/320000, qui nous sert en permanence de référence. Ces deux fonds sont figurés avec des teintes volontairement atténuées et pâles, alors que des couleurs fortes et vives ont été retenues pour faire ressortir les gîtes. Par désir de clarté, la représentation des caractéristiques des gisements a été réduite au minimum. L’ensemble des données relatives à chaque gîte figurant dans un catalogue qui accompagne chaque feuille. Il nous était également apparu nécessaire de faire figurer à côté des minerais métalliques et d’autres substances minérales utiles, les combustibles solides, les produits pétroliers et le gaz.

La phase préliminaire a consisté à dresser un inventaire de tous les gîtes qui ont été localisés sur les cartes topographiques à 1/50 000 correspondante. Parallèlement à ce report, les caractéristiques de chaque gîte étaient recueillies sur des tableaux qui sont à la base de l’élaboration du catalogue. Pour ce travail de recensement, nous avons été constamment assistés par des hommes de terrain, sans le secours desquels nous n’aurions pu mener notre tâche à bien et avec lesquels, tout au long de l’avancement de la carte, nous avons conservé des rapports étroits et permanents. Ce sont les géologues et prospecteurs des divisions de recherche minières, du BRGM, mais aussi de toutes les sociétés privées travaillant en France, ainsi que les géologues universitaires. Les nations voisines nous ont également apporté leur aide pour les gîtes situés à proximité de nos frontières. Par la suite, notre tâche a été grandement facilitée par la banque de données du sous-sol du BRGM, à qui la mission générale d’inventaire a été confiée.

Au niveau de la préparation de la maquette s’est posé le délicat problème de la sélection, car il n’était pas question de faire figurer sur une carte à 1/500 000 tous les gîtes recensés sur les feuilles à 1/50 000. La solution adoptée fut de ne retenir que les gîtes ayant été l’objet de travaux (galeries, sondages, tranchées…) Plus quelques autres ayant une valeur métallogénique. C’était encore trop, alors il nous a fallu bien souvent improviser en gardant présent à l’esprit la règle définie ci-dessus, tout en tenant compte des informations détenues par la carte à 1/320 000 et en prenant en considération les impératifs de place qui s’imposent également au niveau du dessin.


Principales caractéristiques de la carte

La nouvelle carte à 1/500 000 couvrira la totalité du territoire français et une partie de celui des pays voisins, suivant un découpage régulier en 8 feuilles rectangulaires : Rouen. Bruxelles-Lille, Nantes, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Toulouse et Marseille.

Le fond topographique est celui de la carte à un 1/500 000 de l’Institut géographique national (série anglaise, type World 1404) auquel il a été apporté quelques modifications : l’hypsométrie, les zones de forêt et les routes secondaires ont été supprimées. Par contre ont été conservés la totalité du réseau hydrographique, les routes principales, le réseau ferroviaire, les lieux habités (jusqu’au niveau de la commune et même, dans certains cas du hameau) ; les limites de département ont été renforcées. Les coordonnées géographiques de la carte IGN (longitude en degrés par rapport au méridien de Greenwich) ont été maintenues, et les coordonnées en grade par rapport au méridien de Paris amorcé sur le pourtour de la carte, ainsi que le carroyage Lambert, par zone, ajoutée à notre demande par l’IGN. En dehors de la couleur bleue pour le réseau hydrographique, la teinte bistre est uniformément adoptée pour le fonds topographique.

Le fond géologique est tiré de la dernière édition de la carte géologique de la France au millionième dont on a conservé pour l’essentiel le tracé des contours. Quelques rares modifications ont été apportées pour tenir compte des données de travaux récents.

La série Stratigraphique a été simplifiée en regroupant dans certains cas des étages sous un même figuré. Ainsi, les terrains du Tertiaire et du Quaternaire ont été confondus sous une couleur unique. En revanche, les coupures des formations carbonifères, qui marquent les phases principales du cycle orogénique hercynien. Ont été maintenus, sans grand changement. D’une manière générale, les grands ensembles géologiques sont caractérisés par une couleur spécifique, jaune pour le Tertiaire et le Quaternaire, vert pour le Crétacé, bleu pour le Jurassique, violet pour le Permien et le Trias, gris pour le Houiller, beige pour les autres étages du Paléozoïque et enfin bronze pour le Protérozoïque. Cette indication colorée consiste en hachure fine de même intensité et de même couleur. Au sein de ces grands ensembles, les unités qui les composent se différencient par l’inclinaison des hachures de cette trame colorée et par des lettres distinctes de l’alphabet latin auquel peut être joint un chiffre arabe en exposant. Lorsque cette précision n’est pas donnée, le plus souvent en raison d’une incertitude, la couleur est exprimée par un tramé ponctué fin. Ainsi, le carbonifère est-il subdivisé en 3 unités :

  • Stéphanien (hachures grises horizontales) ;
  • Viséen supérieur, Namurien Westphalien (hachures grises obliques) ;
  • Tournaisien, Viséen inférieur (hachures grises verticales).

Le Carbonifère indifférencié est indiqué par des points gris fins.

Au point de vue pétrographique, les roches plutoniques sont caractérisées par une couleur de fond uniformément rose. Cette teinte est un peu plus soutenue pour les leucogranites afin de les mettre en valeur. La nature de la Roche est indiquée par une lettre minuscule de l’alphabet grec, éventuellement flanquée d’un exposant. Le caractère intrusif et indiqué par des figurés en surcharge, presque exclusivement des croix grecques et de Saint-André dont la couleur exprime le chimisme : rouge pour les roches acides, vert pour les roches basiques et ultrabasiques, violets pour les roches de composition intermédiaire.

Les roches volcaniques sont également caractérisées par des lettres minuscules grecques et par des figurés en surimpression — des guillochés pour les laves et pour les projections des points — dont la couleur indique aussi le chimisme. Avec les mêmes conventions que pour les roches plutoniques. En revanche, la couleur du fond varie suivant l’âge du volcanisme, en respectant les règles adoptées pour caractériser les grands ensembles de l’échelle chronostratigraphique. Ce procédé nous permet de marquer avec un relief nouveau les grandes périodes d’activité volcanique au cours des temps paléozoïques.

Pour les roches métamorphiques, dont l’intérêt métallique est moindre, leur représentation est discrète : le même fond coloré rose des roches plutoniques sans surcharge, pour tous les schistes cristallins, les migmatites et même certains granites. Une distinction a été seulement introduite pour les amphibolites (fond rose, surcharge de petits « v » verts) et les schistes lustrés (fond uniformément mauve).

Les gîtes minéraux sont représentés par trois de leurs caractères essentiels : la forme, les principaux constituants et l’importance économique.

La forme : elle est distinguée par un signe figuratif. Huit types morphologiques ont été retenus : filon, stockwerk, lentille stratiforme, couche, amas, minéralisation disséminée, placer, pipe. Deux autres signes sont prévus pour les gisements dont on ne connaît pas la forme  (« forme indéterminée ») et pour les « chapeaux de fer ». La localisation précise du gîte est donnée par le centre du signe. Les conventions suivantes ont été adoptées :

  • La direction du signe indique celle du filon. Lorsque celle-ci est supposée, le signe est figuré en tireté orienté arbitrairement NE-SO. La même règle s’applique à la lentille stratiforme.

Pour représenter des gisements sédimentaires disposés en couches, on a le choix entre trois formules. On peut adopter le signe spécifique de la couche qui suit celle-ci sur toute l’étendue du niveau minéralisé. C’est ce qui est prévu pour les gîtes de fer de Lorraine. On peut également opter pour le signe figuratif orienté de la lentille stratiforme ; c’est ce qui a été fait pour les petits bassins houillers, de Commentry de Saint-Éloi, dans le Massif central. Il est possible enfin de marquer la limite du bassin sédimentaire, par un trait interrompu dans la couleur de la substance : bleu pour les potasses d’Alsace, noires pour les champs pétroliers…

Les « minéralisations disséminées » regroupent des gisements ou la minéralisation est finalement dispersée dans les roches non stratifiées associées, par exemple à des plutons granitiques comme à Échassière (Li, Sn, Be, Ta) dans l’Allier.

La nature des principaux constituants est exprimée de deux manières qui se complètent. C’est tout d’abord une couleur qui remplit le signe morphologique. Dans le cas de deux éléments principaux abondants, leurs 2 couleurs sont représentées. C’est ensuite un symbole chimique, quand la substance en cause est un corps simple, le plus souvent un métal, ou un groupe de trois lettres minuscules dans le cas contraire (ex. : Pb pour le plomb, kao pour kaolin). Les symboles qui indiquent la nature des constituants sont placés le plus près possible du signe morphologique et le plus souvent à la même hauteur que le nom du gisement.

Le classement des gîtes minéraux suivant leur importance économique repose sur l’évaluation du tonnage total des productions et réserves connues ou estimées. La valeur globale du gisement n’intervient pas directement pour établir notre classement, car cette notion de prix introduit un facteur supplémentaire soumis à des fluctuations d’ordre économique ou politique. Cinq classes de gîtes ont été distinguées par ordre d’importance croissante, de l’indice au très gros gisement.

L’importance est marquée par la dimension des caractères typographiques du gîte et par l’absence (pour les gisements de classe 0), ou la présence (pour les gisements de toutes les autres classes) d’un anneau, de dimension variable — qui croit avec l’importance du gîte — coloré suivant la nature des principaux constituants.


Un catalogue complément de la carte

Le catalogue est une brochure qui accompagne chaque feuille et lui vient en un point. Il est constitué essentiellement par une série de tableaux qui fournissent les principales caractéristiques de tous les gîtes français sur la carte. Dans ce catalogue, les gîtes ont été regroupés par feuille topographique à 1/50 000 et ces différentes coupures sont classées suivant leur ordre de numérotation établi en allant d’ouest en est et en commençant par le nord. En annexe, un index de tous les gîtes, classés par ordre alphabétique, renvoie pour chacun de ceux-ci à la coupure à 1/50 000 correspondante.

Dans les tableaux, les principaux caractères des gîtes et de leur environnement sont repris, précisés et complétés.

  • La morphologie, les substances principales et la taille économique du gîte suivant les conventions adoptées par la carte.
  • La localisation géographique est fournie par les noms des feuilles géologiques à 1/50 000 et 1/80 000, le numéro du département et les coordonnées Lambert.
  • Des informations complémentaires sont données : une liste des minéraux caractéristiques, la nature et éventuellement l’âge des terrains encaissants, le tonnage extrait cumulé, des références chiffrées qui renvoient à une liste bibliographique.

Enfin, une double numérotation permet d’une part de se référer facilement à la carte des gîtes minéraux à 1/320 000, d’autre part, d’avoir accès aux fichiers de la banque des données du sous-sol du BRGM.


L’évolution des recherches minières à travers les cartes, un exemple pris en Bretagne

Il nous a semblé intéressant de suivre l’évolution des recherches en Bretagne en comparant trois générations de cartes ; celles de A. Caillaux à 1/500 000 qui date de 1875, celle à 1/320 000 réalisé par le BRGM entre 1960 et 1964, et enfin celle à 1/50 000 en cours d’exécution. Dans cette enquête, nous avons volontairement négligé les cartes des précurseurs, celles de l’abbé Chappe d’Auteroche qui allait de Brest à Paris en 1768, et celle des ingénieurs des mines de l’année 1847 qui ne manque pourtant pas d’intérêt avec sa ceinture polymétallique faisant le tour du Massif armoricain.

La carte de A. Caillaux est remarquable à plus d’un titre ; en premier lieu par la qualité et la quantité des informations qu’elle détient, mais aussi par la visualisation qu’elle nous donne de son temps. Certains éléments clés de la révolution industrielle à l’origine de l’essor économique de cette époque y apparaissent clairement : les canaux, les lignes de chemin de fer avec leurs 18 000 km de voies récemment ouvertes, en lieu et place du réseau routier, dont le tracé a été sciemment oblitéré, les bassins houillers qui renferment une énergie nouvelle, le charbon dont la production vient de tripler en 20 ans, les ferrières, petites et grandes, avec leurs fer, ce métal qui vient d’être revalorisé par le convertisseur Bessemer « qui règne sans partage et qui est pour nous une des nécessités de la vie » (A. Caillaux, 1871). En Bretagne, où plus de 60 gisements ont été recensés, ceux qui concernent le charbon associés aux 31 qui représentent le fer, forment la majorité. Les sept districts ou gîtes de plomb-argent sont en bonne place, même si Pontpéan est, à cette époque, avec les ferrières, la seule mine métallique en activité, on trouve également sur cette carte les zones à étain de Piriac, la Villeder, et Questembert et celle à mercure de la Chapelle-en-Juger.

Vingt ans après la Deuxième Guerre mondiale, l’inventaire minier de la Bretagne nous est fourni par les trois feuilles Brest, Nantes et Cherbourg-Rennes, de la carte des gîtes minéraux à 1/320 000 dont la coordination était assurée par F. Permingeat. Les trois coupures furent établies par L. Chauris, avec la collaboration de J. Guigues, O. Horon, J. Lougnon, R. Moussu et P. Rouveyrol. Elle renferme 338 gîtes, soit cinq fois plus que sur la précédente carte. On y relève toutes les découvertes minières de la première moitié du ce siècle, dont les plus significatives sont :

  • le gîte de stibine de la Lucette, qui fut en 1903 le plus important du monde avec un quart de la production mondiale ;
  • le district un antimoine de Rochetrejoux ;
  • les gîtes d’or de la Bellière ;
  • les gîtes d’étain d’Abbaretz et de Saint-Renan, ce dernier ayant assuré, entre 1960 et 1975, la seule production de ce métal en France ;
  • les carrières de kaolin ;
  • les mines d’uranium de Vendée et du Morbihan, qui fournissent actuellement le tiers de la production française.

En 1978, les deux feuilles Nantes et Rouen, qui couvrent la majeure partie du Massif armoricain à 1/500 000, montrent l’effort de la recherche minière accompli pendant les 18 dernières années. Plus de 700 gîtes ont été positionnés sur ces deux coupures, soit deux fois plus que la carte précédente, à 1/320 000. Les résultats qui découlent de ces recherches sont également très positifs :

  • l’extraction de l’uranium se poursuit dans les deux districts de Vendée (dont les principaux centres sont l’Ecarpière, le Chardon, et Commanderie) et de l’ouest du Morbihan (sur le permis de Lignol). Mais démarre également dans un troisième district, celui de la Penarran, dans le sud Morbihan, de découverte récente ;
  • l’exploitation du kaolin à Berrien depuis 1968 permet à la Bretagne, avec ses deux autres gisements de Quessoy et de Ploemeur, d’assurer les trois quarts de la production française de cette substance ;
  • le gisement d’andalousite de Guerphales, à proximité de Glomel, est exploité depuis 1969. Il renferme de grosses réserves de plusieurs millions de tonnes et ses deux usines de traitement lui ont permis de produire 25 000 tonnes de concentré marchand en 1977.

Parmi toutes ces découvertes qui devraient se concrétiser dans un proche avenir, il faut citer toutes celles qui sont le fruit d’un remarquable effort mené par les équipes du département France-Europe du BRGM ; les Grès à rutile et zircon, les feldspaths d’An Nivit, dont la mise en valeur est suspendue à des essais de valorisation, la monazite, riche en europium, dont une petite exploitation pilote a précisé l’exploitabilité possible de ce produit, l’antimoine de la région de Quimper, qui confirme la vocation minière de la Bretagne pour ce métal, enfin la nouvelle province cuprozincifère du bassin de Châteaulin, avec les gîtes de Bodennec, Porte aux Moines… À cette province se rattache également le gîte de Rouez, récemment découvert par la SNEA.

La carte de demain en guise de conclusion

Cette carte a 1/50 000, en faisant le point vingt ans après, prend donc le relais de la carte précédente à 1/320 000, en grande partie épuisée, et maintient ainsi une tradition depuis longtemps établie. Cette carte se veut d’abord utile, mais seul l’avenir nous le dira et sans vouloir présager de l’accueil qui lui sera réservé, on se plaît à espérer qu’elle connaîtra le même succès que ses devancières.

Notre aspiration est de donner des gîtes français une vision précise et complète, mais aussi globale, ce qui est incompatible, car il n’est pas matériellement possible, à moins que l’on veuille prendre le risque de rendre cette carte illisible, d’y faire figurer toutes les informations en notre possession. On est donc tenu à partir de cet inventaire le plus complet possible, de faire le tri, de dresser une sorte de vitrine dans laquelle on expose dans un cadre adapté les morceaux de notre choix.

Les cartes de demain ne peuvent échapper à ces contraintes imposées par les impératifs de sélection. Même avec l’apport des techniques modernes d’impression, il paraît difficile à cette échelle d’augmenter de façon notable sur un document unique le nombre des informations concernant l’ensemble des gîtes minéraux. On peut donc penser que ce type de carte à caractère essentiellement descriptif se maintiendra, mais devra être l’objet de révisions régulières. Ces retouches seront, dans l’avenir, grandement facilitées par les tout récents progrès de l’informatique dans le domaine de la cartographie.


Notes

Notes
1 Catalogue certes, mais qui avait le mérite d’être exhaustif, tant en nombre de gîtes (littéralement des milliers !) qu’en termes de détail. Évidemment, ces informations ont vieilli, mais elles ont le mérite de figer le temps à la date de publication.
2 Jean Meloux, du BRGM, en détaillait l’origine dans un long article de Minéraux et Fossiles — 80 : voir plus bas.
3 Lire l’article InfoTerre — BRGM.
4 Extrait de la feuille de Lyon.
5 D’après A. Caillaux (1875) qui le tenait lui-même de E. de Beaumont (1841).

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