Nous voilà dix-sept ans après la publication du tome 1 de l’ouvrage. L’auteur s’excuse, dans une brève introduction, d’avoir tant tardé. Nous apprenons que d’autres occupations, professionnelles, entraînent Lacroix aux quatre coins du monde : de l’Italie à Madagascar, en passant par les Antilles.

On imagine les lecteurs trépignant d’impatience, depuis la publication du tome précédent, neuf ans plus tôt. « Môssieur Lacroix voyage et, pendant ce temps, nous attendons les plombates et les manganites ». Insoutenable. D’autant qu’Alfred Lacroix leur avait déjà fait le coup, entre 1893 et 1896 (parution du tome 2), en laissant planer le suspense dans l’affaire Silicates et Titanates.

Blague à part, nous apprenons surtout que l’homme de science(s), les pieds dans la réalité de sa discipline, a choisi d’incorporer dans son projet les connaissances sans cesse accumulées de la minéralogie et de la géologie. Nous l’en remercions, car il aurait été utopique, insensé même, de vouloir réunir dans un projet de si longue haleine un savoir qui se serait arrêté à l’instant t. Cela prouve, si cela était nécessaire (ça l’est !), que la minéralogie est une science qui bouge, et qu’elle bouge en permanence. Finalement, seuls les moyens modernes (internet et les réseaux) permettent vraiment d’avoir un snapshot, une image, de ce qui se fait et se sait sur un domaine, sans trop de décalage entre les avancées de la science et leur restitution auprès du public, professionnel ou amateur.

Alfred Lacroix termine ainsi son introduction :

Je me considérerai comme largement payé de mon long labeur, si ce livre contribuait à stimuler en France l’étude de l’histoire naturelle des minéraux.

Déjà, les lecteurs de 1910 craignaient que des décennies ne s’écoulent avant la parution du cinquième tome annoncé. 😉

Ce quatrième volume est disponible en deux parties sur Gallica (je les ai réunies dans un seul fichier PDF pour ma part).

À noter que le premier supplément se trouve à partir de la page 669 de la seconde partie. Le contenu des suppléments complète des entrées des tomes précédents et en ajoute de nouvelles.

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Introduction de l’auteur :

La publication de la seconde partie du tome III et par suite celle de ce dernier volume a été longtemps retardée par des recherches multiples sur le volcanisme, auxquelles j’ai été entraîné à la suite de la Mission officielle, que j’ai dirigée à la Martinique, pendant l’éruption mémorable de la Montagne Pelée en 1902 et 1903.

L’étude des riches matériaux que j’ai alors recueillis aux Antilles, puis au Vésuve, lors du dernier paroxysme de ce volcan en 1906, et enfin à l’Etna pendant l’éruption de 1908, ont absorbé toute mon activité pendant plusieurs années. Je tiens à m’en excuser auprès de ceux de mes lecteurs que ce long retard a pu surprendre.

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Cette interruption a eu une grande influence sur la façon dont je termine cet ouvrage. Elle a permis en effet l’accumulation de nombreux matériaux nouveaux, qui me forcent, une fois encore, à modifier mon plan. Les Manganates et les Plumbites ont dû être rejetés dans le présent tome ; d’autre part, ne pouvant augmenter indéfiniment le nombre de mes volumes, j’ai dû abandonner le projet que j’avais annoncé, de terminer mon livre par des tables géographiques détaillées. Il m’a paru préférable de leur substituer une revue de tout ce que j’ai recueilli au cours de ma publication et qui n’a pu prendre place dans les volumes précédents. Un grand nombre des matériaux, qui vont être étudiés, sont restés inédits ; j’ai sommairement décrit les autres dans des notes ou mémoires publiés dans les Comptes rendus, dans le Bulletin de la Société française de Minéralogie ou dans les Nouvelles archives du Muséum ; les colonies françaises, et en particulier Madagascar, m’en ont fourni la plus grande part. J’y ai joint le résumé d’observations publiées par plusieurs auteurs.

Je remercie encore une fois les correspondants, anciens ou nouveaux, qui ont bien voulu m’aider de leur documentation. Je tiens en outre à exprimer ma gratitude à mon ami, M. Ad. Richard, qui m’a aidé dans l’achèvement du dessin des figures, à MM. P. Gaubert et Arsandaux, dont le concours m’a été précieux pour l’exécution d’essais divers. En entreprenant la publication de ce livre, il y a dix-sept ans, je m’étais proposé un double but :

1° Exposer la façon dont je comprends l’étude des minéraux, en donnant une large place à l’observation de toutes leurs propriétés physiques et chimiques, mais aussi en recherchant d’une façon minutieuse leur rôle dans la nature et notamment leurs conditions de gisement, qui permettent d’éclairer leur genèse, en considérant non seulement les seigneurs de grande importance, qui font l’ornement des collections et sont généralement à peu près seuls en faveur auprès des minéralogistes, mais encore les infiniment petits, qui, entrant dans la constitution des roches, ont véritablement une importance capitale.

2° Faire le bilan des richesses minéralogiques du sol de la plus grande France, en montrant que ses colonies, tout autant que la métropole, méritent mieux que la place minuscule qu’elles ont occupée jusqu’ici dans les Traités spéciaux et en faisant voir qu’elles ne le cèdent en rien aux pays les plus réputés au point de vue de leur intérêt minéralogique.

Je me considérerai comme largement payé de mon long labeur, si ce livre contribuait à stimuler en France l’étude de l’histoire naturelle des minéraux.

Paris, 1er mai 1910
A. Lacroix

Introduction au supplément :

L’ordre suivi dans ce supplément est celui de l’ouvrage lui-même. Les titres sont écrits en capitales italiques pour les espèces déjà traitées et en capitales droites pour celles qui ne figurent pas dans les volumes précédents.

Lorsqu’un minéral est étudié dans des conditions de gisement déjà spécifiées, celles-ci ne donnent pas lieu à un titre spécial.

Quand, au contraire, il s’agit d’une condition nouvelle de gisement, celle-ci est indiquée par un titre numéroté à la suite du dernier employé antérieurement. Sauf cas exceptionnels, les gisements sont énumérés dans leur ordre géographique, sans qu’ils soient divisés par nature géologique, comme dans le corps de l’ouvrage ; cette simplification a pour but de ne pas multiplier les titres qui auraient consommé trop de place ; le lecteur fera facilement lui-même la distinction. Les renvois aux pages antérieures se rapportent, sauf avis contraire, au volume indiqué à la suite du titre.

Étant obligé de faire un choix parmi les trop nombreux documents que j’ai réunis, j’ai laissé de côté tous ceux des gisements métallifères métropolitains qui ne présentent pas d’intérêt au point de vue purement minéralogique. Par contre, je me suis attaché à être aussi complet que possible, même pour les gisements de ce genre, en ce qui concerne les colonies, sur lesquelles j’avais peu de documents, lors de la publication de mes premiers volumes.

Toutes les indications concernant le Tonkin sont fournies d’après une thèse, faite récemment dans mon laboratoire par un de mes élèves, M. Dupouy (Minerais et minéraux du Tonkin, Paris, 1909) et pour laquelle j’emploie l’abréviation : (Dupouy, op. cit.).

En ce qui concerne Madagascar, dont la minéralogie constitue une partie de ce supplément, j’ai employé l’orthographe des noms de lieux adoptée par M. Grandidier dans ses travaux sur la Grande Île. Je remercie mon savant confrère d’avoir bien voulu revoir au point de vue géographique cette partie de mes épreuves. Dans le cas où l’orthographe adoptée dans ce supplément diffère de celle du corps de l’ouvrage, cette dernière doit être modifiée.

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