L’année dernière, je m’étais plongé dans « Le Calderón », le quasi-équivalent espagnol de notre Lacroix national, histoire de toucher d’un peu plus près à la minéralogie ibérique((Pratiquement en même temps que Lacroix en France, Salvador Calderón a publié en 1910 les deux tomes de « Los Minerales de España », ouvrage incontournable de la minéralogie espagnole réédité à 1000 exemplaires par la Sociedad Española de Minéralogía en 2000)). Comme le Lacroix, le Calderón est illustré d’un certain nombre de schémas et dessins, quelques rares photographies en noir et blanc. Et c’est tout (c’était déjà énorme).
La littérature espagnole est pourtant riche en éditions de livres et périodiques consacrés à la minéralogie (souvenez-vous de Bocaminas !), mais rien d’équivalent à ce jour à ce tout nouveau « Atlas de Minerales de España », de Rebollar et Rewitzer. En 2022, les éditions Prames (Zaragoza) ont sorti cette véritable compilation photographique de 927 espèces minéralogiques espagnoles, avec pas moins de 2219 photos d’échantillons qui proviennent évidemment de gisements et localités espagnols, aujourd’hui conservés dans des collections privées ou dans des musées.
Pour permettre un lectorat plus large et ainsi toucher le plus grand nombre d’amateurs, non seulement en Espagne, mais aussi dans le reste du monde, le choix du bilinguisme espagnol/anglais a été fait pour l’ensemble de l’ouvrage. L’occasion pour les amateurs francophones que nous sommes de nous familiariser avec les noms de minéraux en espagnol et en anglais.
Un très (trop) rapide prologue, une introduction tout aussi expéditive (selon moi), on entre vite dans le vif du sujet avec des pages classées selon une classification habituelle (éléments natifs, sulfures et sulfosels, halogénures, oxydes, carbonates, sulfates, phosphates, silicates et, pour finir, minéraux organiques). 927 espèces toutes présentes sur la péninsule. Un index des espèces mentionnées vient clore l’ouvrage. J’aurais pour ma part adoré un index des localités, puisqu’elles sont indiquées pour chacune des 2219 photographies qui illustrent les 365 pages qui composent le gros du livre((Je m’étais fait la remarque pour le Minéraux de Bretagne — Louis Chauris, dans lequel je trouve qu’il manque aussi cet index des localités)), et que le titre « Atlas » suggère une approche topographique de la minéralogie ibérique.
Mais ce que j’appelle le « gros » du livre, ce sont ces milliers de photographies, macro, micro, et même MEB. J’imagine la sélection, en fonction de critères graphiques, esthétiques, scientifiques. La frustration de devoir faire des choix pour éviter l’inflation de pages (même si personnellement, un ouvrage en 15 tomes de 600 pages chacun serait juste un rêve éveillé, tant la minéralogie espagnole est riche). J’imagine aussi le choix des pièces qui illustrent les localités espagnoles connues dans le monde entier. Et le résultat est là : des photographies à la qualité irréprochable (Christian Rewitzer, pharmacien, est réputé être un des meilleurs photographes de microminéraux) réalisées par des collectionneurs et photographes dont les noms sont familiers aux amateurs qui parcourent les forums et l’internet hispanophones (mais pas seulement, puisque des membres de l’AFM, entre autres, ont aussi contribué à l’ouvrage). Sur ce point, j’aurais aussi apprécié une page de crédits photographiques afin d’identifier rapidement les contributions des différents photographes.