Sans la loupe, point de salut !

S’il est bien un instrument dont le minéralogiste amateur ne peut se passer sur le terrain, c’est bien sa loupe. Sans elle, vous passerez à coup sûr à côté de choses intéressantes. Vous délaisserez cette pierre que vous jugerez de prime abord banale et sans intérêt, faute d’avoir repéré cette géode ou ce cristal, trop petits pour être reconnus à l’œil nu.

Loupe de géologie, avec une chite dioptase dans le champ

Alors pour ne pas vous louper, n’oubliez jamais votre loupe (ouais, je sais, elle était facile celle-là…)

Quel grossissement ?

Jolie loupe, mais pas très pratique.
Jolie loupe, mais pas très pratique.

Ici, je parle exclusivement de la fameuse « loupe de géologue », ou « loupe de terrain », pas de la loupe comme on l’imagine habituellement, avec un manche et une lentille de plusieurs centimètres de diamètre, façon Sherlock Holmes. Rappelez-vous : on parle de matériel de terrain, compact, léger, pratique et solide. Obtenir un grossissement correct avec une telle loupe équivaudrait à se munir d’un instrument trop grand, trop lourd (certainement plusieurs centaines de grammes !), fragile et, finalement, pas très pratique. A la maison, pourquoi pas ?[1]A la maison, une autre alternative : lire Il faut grossir !.

La loupe de géologue est bien plus compacte. Un lacet et hop, on la porte autour du cou (je vous conseille tout de même de bien la fixer pour ne pas la perdre).

Ma loupe de géologue
Ma loupe de géologue

La mienne grossit x10, ce qui est déjà très important et largement suffisant sur le terrain. Moins, ce serait trop peu. Plus, ce serait peut-être trop, car les forts grossissements manquent de luminosité (en fait, plus le grossissement est important, plus il faut tenir l’objet près de la loupe, et de l’œil, et moins il y a de lumière).

Certaines loupes possèdent des grossissements variables, obtenus grâce à plusieurs lentilles que l’on peut superposer. Je n’en ai jamais essayé. D’autres comportent un éclairage LED intégré, très pratique pour compenser le manque de lumière).

Grossissement « commercial » ?

Je saisis cette occasion pour rappeler ce qu’est le grossissement commercial. Le grossissement commercial, ou Gc, est calculé à partir d’une formule mathématique, un peu abstraite c’est vrai, qui prend en compte la puissance P de la lentille optique :

Gc = P/4 + 1 

… où P est la puissance de la lentille en dioptrie[2]Par exemple, pour une loupe possédant une lentille de 12 dioptries, le grossissement commercial est 12/4+1 = x4. Une loupe x10, comme celle que j’évoquais plus haut correspond donc à … Lire la suite.

Et ce n’est pas fini. Le grossissement tel qu’il est perçu par l’utilisateur peut être différent du grossissement commercial, car il dépend de plusieurs facteurs :

  • la puissance de la lentille utilisée dans la loupe, bien sûr,
  • la conception même de la loupe,
  • la distance entre la loupe et l’objet observé,
  • la distance entre les yeux de l’utilisateur et la loupe,
  • la luminosité (dans une moindre mesure, certes).

Un signe de reconnaissance

La loupe, c’est aussi un de ces signes qui permet de reconnaître l’amateur de loin. Pas toujours un amateur de cailloux (les entomologistes ou les amoureux de la flore l’ont toujours à portée de main), mais toujours des passionnés de nature, des gens curieux (dans tous les sens du terme, parfois), intéressés et toujours intéressants. La loupe, c’est cet instrument qui en dit long sur celui ou celle qui la porte, car elle permet de voir ce que la plupart des gens ne voient pas et ne cherchent pas à voir. Un caillou, une orchidée sauvage, un scarabée, peu importe. L’important c’est ce qui se passe derrière l’œil, ce que déclenche cette vision inédite. La loupe, c’est presque un mode de vie. La preuve :

« La loupe, c’est presque un mode de vie »

Extrait des Sagesses de B’

Quelques conseils d’utilisation

La loupe est donc un accessoire pas si accessoire. Il ne faut pas l’oublier en partant (le lacet que j’utilise est volontairement coloré, comme ça je sais immédiatement si elle est dans mes affaires). Pour ne pas la perdre, je la laisse ensuite en permanence autour de mon cou (et si par hasard je venais à la poser quelque part, mon salut viendrait une fois de plus du lacet coloré). Il faut donc que le lacet soit bien fixé à la loupe, pour ne pas risquer que la loupe se détache du lacet, ou que le lacet se détache du cou. Un jour, j’ai mis un cordon en cuir, qui faisait très cool, mais impossible de faire un nœud correct, il se desserrait tout seul, donc j’ai abandonné l’idée.

Son fort grossissement et sa petite taille impliquent que la loupe de géologue doit être utilisée d’une certaine manière : on porte la loupe très près de son œil avec une main, puis on approche l’objet à observer de façon à ce qu’il soit net. Il est rarement à plus d’un centimètre. Pour y voir clair, il ne faut évidemment pas tourner le dos au soleil, mais faire en sorte qu’il éclaire l’échantillon ; de côté, c’est pas mal. Si comme moi vous portez un chapeau, il faudra l’enlever, car il portera une ombre gênante (et hop, un lacet de plus pour ne pas le perdre, le chapeau). Si vous avez une casquette, vous la retournez et le tour est joué.

Où se la procurer ?

Acheter sa loupe chez un opticien, ou chez certains bijoutiers (on parle d’ailleurs parfois de loupes de bijoutiers) permet non seulement de l’essayer, mais aussi d’échanger avec un professionnel. Et, qui sait ? Peut-être un professionnel amateur de minéralogie. Les conseils sont toujours bons à prendre.

Sinon, en ligne on en trouve à tous les prix. J’en ai commandé une pour mon fils à l’Atelier la trouvaille il y a quelques années (moi j’en avais déjà une). Et j’en suis très satisfait. Je ne l’avais pas payée plus d’une quinzaine d’euros.

Conclusion

Sur le terrain, la lecture du paysage permet de trouver les bons coins, et la loupe prend le relais pour suivre la piste. En effet, il est ensuite important de se rendre compte rapidement de la qualité des échantillons et de pouvoir en faire le tri : personne ne veut transporter quinze kilos de roches pour finalement se rendre compte, à la maison, qu’il n’y a rien ou presque d’intéressant.

Entre 10 et 20 euros, c’est l’instrument de base de l’amateur de minéraux sur le terrain[3]Il y a un autre terrain, celui des salons et foires de minéraux, sur lesquels il est judicieux d’emporter sa loupe, car il faut parfois aussi y faire le tri ; et rappelez-vous, c’est là aussi … Lire la suite.

Notes

Notes
1 A la maison, une autre alternative : lire Il faut grossir !.
2 Par exemple, pour une loupe possédant une lentille de 12 dioptries, le grossissement commercial est 12/4+1 = x4. Une loupe x10, comme celle que j’évoquais plus haut correspond donc à une puissance P de P/4 + 1 = 10 soit P = (10 -1) x 4) = 36.
3 Il y a un autre terrain, celui des salons et foires de minéraux, sur lesquels il est judicieux d’emporter sa loupe, car il faut parfois aussi y faire le tri ; et rappelez-vous, c’est là aussi un signe distinctif qui peut aider.

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