Les minéraux, leurs gisements, leurs associations

Le « BCG »

De tous les hors-séries de Minéraux et Fossiles, si tous sont de qualité, je retiens forcément la réédition, revue et argumentée, de Les minéraux, leurs gisements, leurs associations, un ensemble de 3 tomes, édités sur plusieurs années (il en fallait bien pour tout le monde et alterner avec le hors-série des fossiles). Cette somme d’information, plusieurs centaines de pages, a été compilée par trois auteurs qu’on ne présente plus : Pierre Bariand, Fabien Cesbron et Jacques Geffroy (on appelle parfois l’ouvrage « le BCG »)^[1]J’ai choisi d’isoler ces trois hors-séries car ils représentent à eux seuls, selon moi, un sous-ensemble particulier, et ont une vocation un peu différente de celle des hors-séries habituels.

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La seconde édition de « Les minéraux, leurs gisements, leurs associations »

La première édition datait de… 1977/1978 ! Voici ce qu’on pouvait déjà en lire dans le Bulletin de minéralogie de 1979^[2]Touret Jacques. Les minéraux : leurs gisements, leurs associations, par P. Bariand, F. Cesbron, J. Geffroy, 1977. In: Bulletin de Minéralogie, volume 102, 4, 1979. … Lire la suite (on comprend la nécessité, trente ans plus tard, d’une édition revue et argumentée) :

La minéralogie est à la mode. Est-ce la raison de cette floraison d’ouvrages que nous connaissons actuellement, parmi lesquels ce traité, qui n’ose pas dire son nom, en 3 volumes, tient manifestement une place originale ? Il s’agit, d’un ouvrage exhaustif et remarquablement documenté sur les principales espèces minérales (environ 800) vues sous un angle très métallogénique. Les volumes 2 et 3 sont ainsi typiquement des livres de « minéralogie spéciale » (Spezielle Mineralogie) au sens des auteurs allemands et comblent une grave lacune de la littérature de langue française. Le plan général de l’ouvrage indique clairement cette option métallogénique et imposera de fréquentes consultations de l’index final aux lecteurs habitués aux classifications cristallochimiques. Le premier tome comporte une première partie de cristallographie géométrique et cristallochimie (remarquable, sans équivalent dans la littérature française actuelle). Une seconde partie est consacrée aux minéraux essentiels des roches intrusives et métamorphiques qui, au regard des 2 autres tomes, paraîtra un peu sommaire à bon nombre de pétrographes, surtout en raison de la variété et du caractère parfois sommaire des diagrammes de phases qui sont mentionnés (par exemple, fig. 49, liquidus du système Ab-Or). C’est en cela que cet ouvrage ne peut — ce n’est d’ailleurs pas son objet — remplacer un traité de minéralogie systématique dont la référence reste naturellement le « Manuel de Minéralogie » de Dana qui, à ce propos, en est actuellement à sa 19e édition et qui, avec quelques autres, figure certes en bibliographie, mais à une place telle qu’elle risque d’échapper à bien des lecteurs. Une bibliographie plus fournie, avec renvois dans le texte, serait probablement plus utile au lecteur non spécialiste que le glossaire qui se répète en tête de chaque volume et qui donne certes quelques indications de base pour un collectionneur amateur, mais qui risque de soulever quelques controverses parmi les spécialistes (par exemple dans la rubrique « anatexie » où, à la suite d’une erreur typographique — vérifiée auprès des auteurs —, la rédaction laisse penser que les charnockites ont une composition de basalte et de péridotite). En revanche, l’ouvrage fourmille de renseignements précis et inédits sur la localisation des espèces dans les principaux gisements, en particulier sur les gisements français, qui ont tout naturellement une position privilégiée. Beaucoup d’éléments donnent lieu à des développements métallogéniques — par exemple l’or, l’uranium — qui, ajoutés aux introductions géochimiques en tête de chaque chapitre, constituent une documentation de tout premier ordre. Ajoutons que l’on sent au travers du texte l’enthousiasme et la passion des auteurs pour leur sujet et qu’ils réussissent à les faire partager au lecteur. Ils font preuve d’ailleurs d’une singulière modestie en faisant eux-mêmes leur autocritique dans une « postface » qui montre de façon très claire les objectifs qu’ils ont visés, sinon entièrement atteints, mais qui laisse augurer une succession fructueuse. En résumé, je pense que cet ouvrage doit intéresser un vaste public qui ira des minéralogistes amateurs que ne rebutera pas un minimum de connaissances scientifiques aux spécialistes qui y trouveront un complément indispensable et original à leur littérature habituelle. Ceci fait regretter certaines imperfections de présentation (mise en page, reliure) qui, en dépit de très belles photographies en couleurs signées N. Bariand, font que le contenu de cet ouvrage n’a pas tout à fait le cadre qu’il mérite.