Des origines médiévales de l’Argentière-la-Bessée à sa première industrie au XIXe siècle

La mine d'argent du Fournel
Éditions :Relié grand format
ISBN : 9782912265203
Pages : 168

Impossible de passer dans le coin et de ne pas visiter cette ancienne mine et son musée.

Au sommaire :

  • La genèse du gisement de plomb argentifère
  • La mine médiévale : argenti fodina
  • L’exploitation moderne : une histoire mouvementée
    • Un lent redémarrage
    • La compagnie Suquet-Fils : une longue période de prospérité
    • Un déclin inexorable
  • L’extraction souterraine : du filon au minerai sorti au jour
    • Un labyrinthe de 15 km
    • Les techniques d’extraction
  • L’établissement : un minerai au métal
    • Une usine au fond de la gorge
    • La préparation mécanique du minerai
    • La métallurgie : du minerai marchand au métal
  • La renaissance de la mine : 1991-2013
    • Les recherches scientifiques.
    • La mise en valeur du patrimoine minier du Fournel
  • Des origines médiévales de L’Argentière — La Bessée à sa première industrie au XIXe siècle

Introduction :

Le monde de la mine est un vaste sujet qui touche à la géologie, à la technique, à l’économie, à l’humain, etc. Dans le cas d’une ancienne mine, c’est dans une perspective historique que cet univers doit être abordé. 

En premier lieu, il faut parler de l’objet même d’une exploitation minière : le gisement. Il s’inscrit dans un environnement géologique, c’est-à-dire des roches avec leur longue histoire, depuis leur formation sur la marge dans l’océan, il y a des centaines de millions d’années, jusqu’à leur érosion actuelle qui façonne le massif des Écrins. En leur sein est né un trésor métallique. C’est en fait un monstre, au sens géologique. Par le jeu de mécanismes géochimiques et tectoniques, des éléments qui sont d’ordinaire disséminés dans l’écorce terrestre à une teneur de quelques parties par million (14 ppm pour le plomb et 0,08 ppm pour l’argent !) se retrouvent concentrés dans un filon où ils se comptent en tonnes. Puis, il faut un second concours de circonstances, afin que ce gisement soit amené en hauteur par la surrection des Alpes et que simultanément l’érosion le découvre en surface. Un coup de chance en vérité : quelques glaciations plus tôt, le filon était encore enfoui profondément dans l’écorce terrestre ; et dans un futur inévitable, il aura totalement disparu. 

 En second lieu, récolter les substances minérales n’est pas une mince affaire. Après avoir ramassé le peu qui apparaissait à même le sol, il faut arracher l’essentiel du minerai dans les entrailles de la Terre ; la géologie du Fournel est capricieuse : c’est une partie de cache-cache que des générations de mineur doivent jouer durant des siècles. Ensuite, les problèmes s’accumulent. La roche encaissante est l’une des plus dures au monde : il faut faire jouer le feu, puis la poudre. Localement la montagne tend à se refermer : il faut la soutenir. Les eaux s’infiltrent sans répit, le torrent n’est pas loin : il faut drainer, puis pomper et enfin se résoudre à installer une machine extraordinaire. La mine devient un labyrinthe en expansion. Il faut l’organiser, la structurer constamment, pour acheminer le précieux minerai au jour, pour réguler les courants d’air et surtout anticiper les problèmes à venir.

 Au jour, le minerai n’est qu’une substance brute, un mélange intime qui demande encore de nombreux et complexes traitements. Comme ces processus vont réduire de 10 à 20 fois la quantité extraite, ceux-ci doivent être effectués au plus près des entrées de galerie, au fond de la gorge même. C’est ainsi qu’une usine est édifiée dans un endroit improbable. Du torrent, il faut tirer une énergie, mais il faut aussi repousser ses assauts, réparer ses furies. L’enrichissement du minerai et sa métallurgie relèvent une cuisine subtile qui nécessite des adaptations et les améliorations. Le contexte de la révolution industrielle ouvre une concurrence impitoyable, à laquelle n’échappe pas une industrie nichée au fin fond des Alpes.

Derrière cette lutte contre les contraintes naturelles et pour animer des techniques qui sortent de l’ordinaire, il y a des hommes et les femmes : des financiers, des ingénieurs, des ouvriers, venus de loin pour certains, issus des hameaux de l’Argentière pour d’autres. Une industrie qui se développe à l’écart des regards n’en a pas moins un impact considérable sur l’économie locale et les mentalités. Les témoignages de ce riche passé sont à rechercher dans les bibliothèques, dans les fonds d’archives, sur les escarpements rocheux qui dominent la Durance, sous les gravats des ruines et jusqu’au plus profond des souterrains humides et encombrés des boulets. C’est donc à travers de nombreuses approches scientifiques que le patrimoine minier doit être appréhendé : une tâche à laquelle s’est attelée une équipe de passionnés depuis plus de 20 ans. Un travail souvent obscur qui se voit récompensé aujourd’hui par une mise en valeur du site respectueuse de son histoire et une notoriété croissante. 

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