Le Cahier des Micromonteurs / 2 - 2018 / 140

La Durance – Le Cahier des Micromonteurs / 2 – 2018 / 140
Partie de Le Cahier des Micromonteurs séries :
Éditions :Périodique grand format
Pages : 114

Minéraux du groupe du platine, autres minéraux et composants lourds des alluvions

Au sommaire de ce numéro de 114 pages du second trimestre de 2018[1]C’est généralement sous le numéro 3 que sort le numéro spécial : en 2018, c’était le numéro 2. :

  • Points de repère
  • La Durance à Peyrolles-en-Provence
  • Du tout-venant au concentré
  • Des concentrés sous la binoculaire
  • La Bléone à Le Chaffaut-Saint-Jurson (Alpes-de-Haute-Provence)
  • Cortège minéralo-anthropique
  • Minéraux observés
  • Liste des minéraux identifiés
  • Grains anthropiques
  • Sources de grains lourds — compléments

Ce cahier spécial est récent. Il est certainement encore disponible auprès de l’AFM, avec tous les autres cahiers : micromineral.org.

Extrait :

Editorial par Georges Favreau (AFM) :

L’histoire pourrait commencer par la phrase : « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ».

Quand se forma l’idée d’un cahier spécial « Sables », j’étais peu convaincu par le sujet, mon expérience se limitant à de maigres orpaillages et mon gout pour cette minéralogie étant très limité. Force est de reconnaître la qualité du travail des artisans de ce numéro spécial 2009. Le virus semble m’avoir gagné puisque me voilà, moi aussi, à vous parler de sables. Des sables particuliers puisqu’on y trouve des minéraux rares et inhabituels à deux pas de chez moi, dans un département pourtant peu réputé pour sa minéralogie.

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Le « gisement » se situe à moins de 30 km, soit 20 min de chez moi ; cela représente moins de la moitié du trajet pour Saint-Maime qui était jusqu’alors pour moi le gisement le plus proche. Facile donc en été d’aller à Peyrolles-en-Provence après le travail pour y passer deux heures…

Quand, au printemps 2009, j’avais suggéré à Robert et Vincent d’aller traîner leurs guêtres pour chercher des platinoïdes à Peyrolles-en-Provence, je n’étais pas sûr que leurs investigations soient couronnées de succès. Et pourtant, ça a marché (Bourgoin, 2009) et cela m’a motivé pour tamiser à mon tour les sables de la Durance. L’endroit est plutôt agréable, surtout en été où la température de la rivière rend le barbotage tout à fait sympathique (il n’en est pas de même hors saison où toute la froideur des eaux issues des Alpes se fait cruellement sentir). On peut y observer une grande variété de plantes et d’animaux (grenouilles, hérons, petits gravelots, tortues d’eau, serpents, etc.). Le segment de rivière qui a fait l’objet des recherches est situé à l’aplomb de l’exploitation de sables de Peyrolles-en-Provence.

Le « gisement » consiste en accumulations de sables lourds dans des obstacles naturels du lit de la Durance. A l’amont de Peyrolles-en-Provence, la rivière s’écoule dans un cours très large, que les rochers au nord du village viennent perturber. Le bedrock affleure ici sous la forme de grosses masses de poudingues, essentiellement constitués de gros galets calcaires, au sein desquelles se forment parfois des crevasses et marmites plus particulièrement propices à l’accumulation d’éléments lourds.

Les Bouches-du-Rhône ne brillent pas par leur richesse en minéraux, du fait de la large couverture calcaire du département ; c’est pourquoi le gisement de Peyrolles-en-Provence présente un intérêt particulier. Les concentrés de sables récoltés ici diffèrent totalement du contexte géologique local, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. On note dans le lit de la Durance de multiples galets de couleur verte (ophites, roches basiques), comme ceux qu’on connaît dans le Queyras (200 km de distance), riches en pyroxène et parfois en épidote.

On comprend bien dès lors que la Durance a su charrier des sédiments parfois de fort loin. Les minéraux lourds observés, et en particulier les platinoïdes, sont très probablement en relation avec ce type de roches.

En complément de ce qui a été écrit dans l’article du Cahier 3/2009 (Bourgoin, 2009), j’ai cherché à voir s’il était possible de trouver d’autres minéraux que ceux décrits. Les minéraux intéressants sont situés dans l’ultime fraction lourde des fonds de batées, où la plupart des grains ont une taille de l’ordre de 0,1 à 0,3 mm.

La magnétite y est prédominante, et les autres minéraux denses comprennent les grenats, l’ilménite, le rutile et le zircon. Les plombs de chasse sont localement abondants et servent à l’identification des zones de concentration d’éléments lourds, de même que les oxydes de fer. Ces derniers constituent des grains arrondis brun foncé lisses et s’observent également en pseudomorphose de cristaux de pyrite.

Par l’action combinée de la chance et de la ténacité, il a été possible d’observer un peu d’or. Ce métal à la densité très élevée (D = 19,34) témoigne du dépôt de grains très denses, où les platinoïdes tant recherchés ont le plus de chances d’apparaître (isoferroplatine : D = 16,7 ; rutheniridosmine : D = 22,16).

Résumé par François Périnet (AFM) :

Les alluvions de la Durance sont connues pour être platinifères depuis la seconde moitié des années 1980, suite à la découverte de paillettes grises magnétiques et à l’étude qui a confirmé la présence de minéraux du groupe du platine. Cette singularité de la rivière a motivé de nouvelles observations d’ordre systématique, appuyées par des analyses EDS[2]EDS : Energy-dispersive X-ray spectroscopy — Spectroscopie à rayons X à dispersion d’énergie, mais sans microscopie. La recherche documentaire préalable a remis en lumière un indice à MGP[3]MGP : Métaux du Groupe du Platine, situé sur la Bléone. Dans un cortège métallique particulier, les espèces des MGP précédemment décrites ont été observées à nouveau. L’awaruite a été confirmée par EDS. Les cristaux identifiés dans le cortège des minéraux lourds classiques ont été peu abondants et peu variés. Pour terminer, les grains anthropiques, métalliques ou non, ont été décrits avec des liens potentiels vers les activités minières et industrielles.

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Notes

Notes
1 C’est généralement sous le numéro 3 que sort le numéro spécial : en 2018, c’était le numéro 2.
2 EDS : Energy-dispersive X-ray spectroscopy — Spectroscopie à rayons X à dispersion d’énergie
3 MGP : Métaux du Groupe du Platine

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