Quelques tomes de la série Les observateurs de la Terre
Quelques tomes de la série Les observateurs de la Terre

La série « Les observateurs de la Terre », publiée entre 1986 et 1996 par les Éditions du B.R.G.M., est une bande dessinée à vocation résolument pédagogique, avec un objectif affiché de vulgarisation scientifique.

Une connaissance dépassée ?

Certes, cette série en bande dessinée s’appuie sur un état de la connaissance, en sciences de la Terre, qui date des années 80[1]Comme tous les livres « sérieux » de la même époque, en fait.. En réalité, je me dois d’être plus nuancé sur ce point, car c’est surtout l’organisation de la connaissance, notamment le découpage des ères géologiques, qui a fait l’objet d’une évolution depuis la parution des ces BD, et en particulier pour la période la plus récente, c’est-à-dire les derniers 600 millions d’années (oui, c’est ça la période récente). D’ailleurs, dans le tome 3 de la série, un petit astérisque s’ajoute aux échelles des temps géologiques situées au début de chaque album : « *admises en 1988 ». Cette simple mention anodine confirme, si besoin était, le sérieux de la publication, en précisant que les informations sont sujettes à modification au fil de l’évolution des connaissances, des découvertes, de l’affinement de notre compréhension.

La connaissance scientifique a donc, et évidemment, progressé depuis, ce qui donne à la série un double intérêt selon moi :

  • la vulgarisation d’une science passionnante, objectif initial de la série
  • la comparaison avec les connaissances actuelles, mises à jour (notamment le découpage des ères géologiques, mentionné plus haut, qui peut susciter la curiosité du lecteur sur la raison pour laquelle les scientifiques pensent devoir le réviser)

Des auteurs à la carte, experts dans leurs domaines

Si l’instigateur et auteur principal de la série, son « metteur en scène » (l’expression « mise en scène » est celle utilisée dans les albums), est Jérôme Goyallon[2]Jérôme Goyallon, géologue cartographe au B.R.G.M., ne renie pas sa première vocation de créateur et de graphiste. Au contraire, il met à profit ses différentes aptitudes pour étudier la … Lire la suite, ce dernier s’est intelligemment entouré de différents « guests » experts en fonction des thèmes des albums :

  • André Prost[3]Directeur d’Etat en géologie et maître assistant à l’Université d’Orléans, André E. Prost véritable globe-trotter scientifique ne cesse ses missions que pour faire partager son savoir en … Lire la suite, d’abord maître assistant puis maître de conférences à l’Université d’Orléans, tomes 1 et 2
  • Serge Courbouleix, géologue au B.R.G.M., tomes 1 et 6 et 7
  • Michel Jebrak, professeur à l’Université du Québec, Montréal, tomes 2 et 6
  • J.-F. Becq-Giraudon, géologue au B.R.G.M., tome 3
  • Éric Buffetaut, directeur de recherche au CNRS, Laboratoire de paléontologie des vertébrés, université de Paris VI, tome 4 (une collaboration précieuse pour un volume titré « L’empire des dinosaures »)
  • Philippe Bouysse, Docteur ès sciences, Secrétaire Général Adjoint de la Commission de la carte géologique du monde, tomes 4, 5, 6 et 7
  • Claude Cavelier, Docteur ès sciences, Service géologique national français, tome 5
  • Hervé Jacquemin, rédacteur en chef de la revue « Cailloux », tome 5
  • Yves Coppens[4]Qu’on ne présente plus, professeur au Collège de France, membre de l’Institut, tome 6
  • Carlo Francou, directeur du Musée géologique de Castell’Arquato, Italie, tome 6
  • Christian Lévêque, Délégué à l’environnement à l’ORSTOM, Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération, tome 7

Les dessinateurs :

  • Pour le premier tome, c’est Jamy Pruvot[5]Après des études secondaires orientées vers la littérature et les arts plastiques, Jamy Pruvot entre à l’école supérieure de publicité. Devenu illustrateur, il participe entre autres à la … Lire la suite qui se colle à l’illustration
  • À partir du tome 2, Jamy Pruvot laisse la main à Jean-Paul Vomorin[6]À l’instar des Bakous et autres personnages qu’il dessine avec passion dans cette série d’albums, Jean-Paul Vomorin est devenu, en tant que dessinateur, un véritable spécialiste dans les … Lire la suite

L’histoire

Imaginez un peu. Votre civilisation a atteint un degré de développement tel que vous accédez à l’immortalité. Pour de vrai ! Moyennant des périodes régulières d’hibernation pour « recharger les batteries », vous pouvez vivre des millions, voire des milliards d’années. Vous vivez donc au point de vous apprêter à voir mourir l’étoile qui rend votre planète habitable. Votre technologie est tellement avancée que construire un vaisseau spatial, y embarquer par centaines, et partir pour un voyage intergalactique en quête d’une nouvelle planète habitable n’est qu’une simple formalité. Pour vous, peuple curieux et avide de connaissances, c’est même une aubaine : partir à la découverte de l’univers sera une occasion d’explorer, d’observer et d’apprendre.

Eh bien, cette histoire, c’est l’histoire des Yalliens. Les survivants[7]« Survivants » et « immortalité », ça ne sonne pas très cohérent. Mais bon, l’histoire n’en dit pas davantage. de ce peuple partent donc, à bord de leur vaisseau l’Arche du Cosmos (ADC) en quête d’un nouvel endroit pour s’installer. Comme leur technologie n’est pas développée au point de voyager à la vitesse de la lumière, les passagers voyageront pendant des millions d’années (mais même s’ils le pouvaient, les distances à parcourir sont telles qu’il faudrait de toute façon compter en milliers ou millions d’années pour aller d’un point A à un point B habitable). Et quand ils n’auront rien à faire, ils pourront hiberner pendant autant de milliers, de millions, de milliards d’années que nécessaire, pendant que leur vaisseau parcourra l’immensité de l’espace.

Vous vous doutez (si, vous vous en doutez, je le vois bien) qu’ils finiront par détecter une étoile en formation, avec un disque protoplanétaire prometteur, qui semblera offrir des conditions d’accueil intéressantes. Pas encore de planètes habitables autour de cette étoile ? Ce n’est pas un problème. Il suffira de patienter. Quand on est immortel, du temps on en a. L’hibernation, ça a du bon : on programme le réveil pour le moment où l’on estime qu’il y aura quelque chose à voir, pour décider si l’on reste dans le coin ou si l’on repart en exploration. Les Yalliens, eux, ont mis leur réveil à 6 h 15, un mardi, pour quelques millions d’années plus tard, histoire de voir si le disque protoplanétaire va engendrer la naissance d’une planète sur laquelle ils pourront s’installer.

Ce n’est là que le début de l’histoire, l’histoire des 678 Yalliens et leurs deux animaux domestiques, les Bakous. Ils observent, patientent, explorent ce monde qui évolue sous leurs yeux, sous nos yeux. On s’attache aux personnages, tantôt sérieux, tantôt amusants. Les Bakous sont des personnages truculents, parfois agaçants, et les Yalliens nous semblent très familiers. Les références dans les noms des personnages ou dans les dialogues parlent au lecteur qui a connu les années 80. Enfin bref, une lecture sympa, pour les jeunes, mais pas que, et forcément enrichissante. Le lecteur attentif pourra, comme je l’écrivais plus haut, s’amuser à comparer les connaissances de l’époque avec les découvertes qui ont été faites depuis, qui affinent ce savoir, ou qui parfois le remettent en question.

Bonne lecture.

Notes

Notes
1 Comme tous les livres « sérieux » de la même époque, en fait.
2 Jérôme Goyallon, géologue cartographe au B.R.G.M., ne renie pas sa première vocation de créateur et de graphiste. Au contraire, il met à profit ses différentes aptitudes pour étudier la géologie et la communication. En imaginant cette grande fresque en bandes dessinées et ses personnages de fiction, il nous entraîne de façon attractive à connaître la fabuleuse aventure de la Terre – Quatrième de couverture du tome 1
3 Directeur d’Etat en géologie et maître assistant à l’Université d’Orléans, André E. Prost véritable globe-trotter scientifique ne cesse ses missions que pour faire partager son savoir en tant qu’enseignant. Ses connaissances sur les formations géologiques anciennes de notre planète lui permettent de nous dévoiler bien des énigmes – Quatrième de couverture du tome 1
4 Qu’on ne présente plus
5 Après des études secondaires orientées vers la littérature et les arts plastiques, Jamy Pruvot entre à l’école supérieure de publicité. Devenu illustrateur, il participe entre autres à la réalisation d’une encyclopédie des sciences et techniques en bandes dessinées. Il est le partenaire idéal pour illustrer bon nombre de manuels scolaires et d’ouvrages destinés à la jeunesse. Son dessin précis donne à cet ouvrage la qualité d’un livre documentaire.
6 À l’instar des Bakous et autres personnages qu’il dessine avec passion dans cette série d’albums, Jean-Paul Vomorin est devenu, en tant que dessinateur, un véritable spécialiste dans les nombreuses disciplines de la géologie. Son graphisme précis apporte à cette bande dessinée hors du commun toute la rigueur nécessaire à la compréhension d’une œuvre volontairement (et sournoisement) didactique. Les puristes découvriront, en plus du message éducatif et scientifique, bien des clins d’œil spécifiques au septième art… — Quatrième de couverture du tome 7.
7 « Survivants » et « immortalité », ça ne sonne pas très cohérent. Mais bon, l’histoire n’en dit pas davantage.

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