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A moins d’être exclusivement arénophile[1]Arénophile : amateur et collectionneur de sables., il est effectivement très difficile de s’en passer. Je veux évidemment parler du marteau. Avec la loupe de terrain [2]Lire l’article Pour ne rien « louper », le marteau est en effet un outil indispensable du minéralogiste amateur.
Un outil aussi indispensable qu’emblématique
Quand j’ai commencé, il y a… longtemps, j’avais un marteau. Je veux dire un vrai marteau, celui de ma boite à outils (en fait, celle de mon père, mais je compte sur vous pour ne pas lui dire). Honnêtement, il n’a jamais vraiment servi sur le terrain. En fait, depuis toujours, je lorgnais celui que l’on appelle le marteau de géologue. Dans les carrières, les mines, ou dans les documentaires à la télé (c’est moins dangereux), on voit toujours les géologues avec ce marteau si caractéristique, souvent au manche bleu. Je me disais « trop la classe, ce marteau, je veux le même »[3]En fait non ; ça, c’est ce que j’aurais dit aujourd’hui, au même âge..
Quelques décennies plus tard, j’ai donc pu m’offrir un marteau pour cet usage spécifique (on reparlera du prix), et je ne l’ai jamais regretté, pour une multitude de raisons dont voici une liste non exhaustive :
La relative légèreté
Ce marteau dit « de géologue » est relativement léger. Attention, pas trop léger non plus, sinon il perd de son intérêt pour l’usage qu’on en fait. D’ailleurs, on en trouve de plusieurs poids, en fonction des besoins. Si votre terrain de jeux ce sont les granits du Massif armoricain, les coulées de lave du Piton de la Fournaise, ou les faluns de Touraine, vous n’avez pas besoin de la même « force de frappe ».
Le poids est donc à prendre en considération pour une raison principale : plus lourde est la tête du marteau, plus efficace il sera, notamment sur des roches dures.
Finalement, n’oubliez pas que vous devrez le transporter, ce marteau, avec ses petits camarades les burins et la masse (ou les masses), pour ne parler que du matériel le plus lourd. Tant qu’il reste de la place pour le pique-nique, nous sommes sauvés.
Une bonne ergonomie
Là encore, on trouve des marteaux avec des longueurs de manche variées, en fonction de l’usage. La longueur standard dépasse tout juste les 30 cm, et on se contente en général d’une « tête » d’un poids compris entre 400 et 700 grammes, pour un poids total qui dépassera rarement un kilo.
Des deux marques que j’ai essayées (Forgecraft d’abord puis Estwing ; je n’en connais pas d’autres), les deux marteaux étaient bien équilibrés et s’équivalaient. J’ai offert le premier à un ami qui ne s’en est jamais plaint.
Le manche est en général en vinyle, ce fameux plastique bleu (mais pas toujours) qui le rend si caractéristique, parfois en cuir (pour les modèles un peu « haut de gamme » de chez Estwing). Il permet une prise en main facile et sûre. Les miens ont toujours eu un petit trou à la base du manche pour y passer un lacet (une cordelette, c’est pratique et ça permet aussi de le distinguer des marteaux des collègues, pour peu qu’elle soit d’une couleur reconnaissable).
Quand on s’en sert beaucoup, les vibrations dans le manche, ou plutôt leur absence, peuvent avoir leur importance. Autant je protège avec un gant la main qui tient l’échantillon, autant je pense moins au bras qui tient le marteau. Argument marketing ou non, je sais que la marque Estwing a breveté un manche qui permet d’en réduire les vibrations lorsqu’on frappe une roche dure par exemple. Les quelques tendinites que j’ai pu avoir sont clairement dues à l’usage intensif de… la souris d’ordinateur.
Une variété de choix
Outre des tailles et des poids différents, le marteau de géologue existe avec différentes « formes » :
- un côté « plat » pour cogner
- l’autre côté est soit en pointe, ou pic (on parle de marteau « pointe et plat »), soit plat, comme une lame horizontale, ou ciseau (on parle alors de marteau « égriseur [4]Egriseur : je ne sais pas dans quelle mesure ce mot est un néologisme — voir le wiktionnaire »)
Chaque forme rend des services différents. Je ne suis pas très fossiles[5]Cailloux ou fossiles : les sciences de la Terre sont un vaste sujet. Certains d’entre nous embrassent l’ensemble de la thématique, en s’intéressant autant aux fossiles qu’aux … Lire la suite, mais le côté ciseau du marteau égriseur trouve toute son utilité pour séparer les feuillets d’une ardoise par exemple, et y découvrir les fossiles convoités.
Je me sers du plat (le côté marteau) pour échantillonner : je tiens l’échantillon dans une main (en général, je porte des gants, mais pas toujours) et je viens le frapper avec le marteau, pour le briser et réduire sa taille.
La solidité
Le marteau ne doit pas juste avoir l’air solide. Il doit l’être vraiment. Histoire que la tête ne se sépare pas du manche, ou simplement qu’il ne se brise pas entre vos mains, avec des risques bien réels d’éclats métalliques (on en reparlera, mais usage du marteau = lunettes de protection).
La solidité n’est donc pas seulement gage de durabilité, mais aussi, et surtout, gage de sécurité (si d’aventure il se cassait, il serait plus facile à remplacer qu’un œil, n’est-ce pas ?)
Les marteaux les plus sûrs sont ceux forgés d’une seule pièce, dans la masse : la tête et le manche sont formés dans la même pièce d’acier, et la gaine, en cuir ou en vinyle, vient juste enrober l’acier.
Un signe de reconnaissance…
Sans compter que le marteau est aussi un signe distinctif de l’amateur sur le terrain, avec la loupe et deux trois autres trucs. On le voit de loin, on l’entend de loin aussi.
… et un outil pratique pour faire des photos
Une dernière utilité du marteau, c’est de servir de gabarit sur les photos, histoire de donner l’échelle. En effet, l’appareil photo fait aussi partie de l’équipement de l’amateur, ne serait-ce que celui de son smartphone. Des photos, on en fait beaucoup. Et l’on regrette souvent de ne pas avoir laissé un indice sur la photo pour indiquer la taille de l’objet. Comme le marteau, on l’a toujours sous la main, c’est pratique et beaucoup déposent leur marteau dans le champ de la prise de vue (dans le même esprit, on peut y laisser aussi son pied, un casque, un sac, etc.[6]Pendant longtemps je demandais à mon fils de figurer sur la photo, mais c’était une fausse bonne idée, car c’est tout juste si maintenant il ne me faut pas un abaque pour évaluer la taille de … Lire la suite)
… et un peu à la masse aussi
Jamais, vous m’entendez, jamais il ne faut taper sur un burin avec un marteau de géologue. Ce n’est pas fait pour ça ! Ce n’est pas efficace et vous risquez de vous taper sur les doigts (le côté plat est trop étroit pour bien viser) et, surtout, de l’abimer. Pour le burin, préférez la masse. La mienne, comme mes burins, viennent de chez cast*** et ça fait des années que je les ai. Parfois le burin se tord. Mais on peut le redresser. Il s’émousse au bout d’un moment. On peut l’affuter.
Là où on ne peut en général plus rien, c’est quand il reste figé dans un bloc qui refuse d’éclater. Alors il reste là, façon Excalibur [7]Il n’est pas rare de trouver, sur certains sites, des burins figés dans des rochers, et même de réussir à les déloger (on se prend alors pour le roi Arthur pendant quelques minutes). Tiens, … Lire la suite.
La masse est plus lourde (la mienne fait 2,5 kg), sa surface de frappe est plus importante (pas besoin de viser juste). Elle est donc plus efficace pour utiliser un burin. C’est sûr, ça fait 2,5 kg de plus dans le sac.
Bon, ce n’était pas l’idée, mais comme je parle des marques de marteaux, autant aller jusqu’au bout et fournir des liens, à la fois vers les fabricants et leurs distributeurs (je n’ai d’intérêt ni chez les uns, ni chez les autres).
Voici des liens vers ceux que je connais et auxquels je fais confiance. N’hésitez pas à me communiquer d’autres marques et revendeurs (je n’ai rien trouvé sur Forgecraft, à part quelques références toujours en vente ici ou là).
Sécurité !
Comme je l’ai dit plus haut la sécurité est primordiale. Les gants, et les lunettes de protection ne devraient jamais être optionnels. Les gants peuvent servir à se déplacer d’une manière plus assurée dans les éboulis par exemple, en plus de protéger ses petits doigts, et les lunettes, eh bien, il semble évident que l’on tient à ses yeux comme… à la prunelle de ses yeux justement [8]Lire l’article Qu’est-ce que je vais bien pouvoir mettre aujourd’hui ?. Et si comme moi vous portez déjà des lunettes, il existe des surlunettes qui se portent par dessus vos lunettes de vue.
Une dernière chose concernant les lunettes : les éclats de roche ou de métal peuvent aussi choisir les yeux de votre voisin s’il est trop près. Assurez-vous que vous êtes seul ou que votre voisin est lui aussi protégé.
Maintenant que vos doigts et vos yeux sont en sécurité, un dernier petit conseil pour la route : par sa forme, le marteau est un outil qui peut trancher et transpercer, y compris votre sac. Donc pendant le transport, il faut toujours veiller à ce qu’il ne soit pas susceptible de vous blesser (ne le glissez jamais côté dos dans votre sac) en marchant ou en chutant, et assurez-vous qu’il ne se transforme pas en projectile s’il se détache. Pour ma part, je le glisse dans la poche externe de mon sac à dos (mon sac me permet d’y glisser deux marteaux, une masse et un burin, ainsi qu’une pelle US) que je ferme avec un mousqueton (en plus de la sécurité, je n’ai pas envie de perdre mes outils).
En conclusion
Du coup, des marteaux, j’en ai deux : un pointe & plat et un égriseur (ceux qui sont en photo en haut). L’inconvénient, c’est que je double le poids, mais l’avantage indéniable c’est que j’ai plus de polyvalence et, surtout, c’est que je peux le prêter (sans compter que si j’en perds un…). Je possède aussi une pioche (la Burpee de Estwing). Une masse et un burin plat viennent compléter ma force de frappe. Lunettes de protection et gants ne sont pas une option.
Notes
↑1 | Arénophile : amateur et collectionneur de sables. |
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↑2 | Lire l’article Pour ne rien « louper » |
↑3 | En fait non ; ça, c’est ce que j’aurais dit aujourd’hui, au même âge. |
↑4 | Egriseur : je ne sais pas dans quelle mesure ce mot est un néologisme — voir le wiktionnaire |
↑5 | Cailloux ou fossiles : les sciences de la Terre sont un vaste sujet. Certains d’entre nous embrassent l’ensemble de la thématique, en s’intéressant autant aux fossiles qu’aux minéraux. D’autres sont plus sélectifs et s’intéressent davantage aux minéraux qu’aux fossiles, ou l’inverse. On dit de ceux qui sont plus amateurs de minéraux qu’ils sont plutôt cailloux, et que les autres sont plutôt fossiles. Mais je ne connais personne qui soit exclusif et, d’une manière générale, les personnes qui s’intéressent à la géologie sont les deux, parfois avec une préférence. |
↑6 | Pendant longtemps je demandais à mon fils de figurer sur la photo, mais c’était une fausse bonne idée, car c’est tout juste si maintenant il ne me faut pas un abaque pour évaluer la taille de l’objet, car mon fils a pris 50 cm sur les dix dernières années ! |
↑7 | Il n’est pas rare de trouver, sur certains sites, des burins figés dans des rochers, et même de réussir à les déloger (on se prend alors pour le roi Arthur pendant quelques minutes). Tiens, ça me donne une idée de concours photo. |
↑8 | Lire l’article Qu’est-ce que je vais bien pouvoir mettre aujourd’hui ? |
Bonsoir, je suis repassé avec plaisir sur votre site pour y trouver la référence des marteaux de géologues. J’ai trouvé ce que je cherchais. J’en profite pour vous remercier pour votre site et vos conseils, et vous signaler que dans certains articles, les apostrophes on disparu. J’ai d’abord cru que c’était des fautes de frappe, mais comme toutes les apostrophes avaient disparu, et que je crois n’avoir jamais trouvé ne serait-ce qu’une faute d’orthographe sur votre site, je pense qu’il s’agit d’un problème technique. Je voulais vous en informer.
Bonsoir Gismo,
Merci pour votre visite et votre soutien.
Je confirme pour les apostrophes. J’ai effectivement reçu une demi-douzaine d’e-mails depuis hier pour me le signaler (non seulement j’ai été surpris d’avoir plus de 5 visiteurs, mais aussi qu’ils puissent prêter attention à ces détails autant que moi, et qu’ils aient souhaité m’en informer).
En fait, après un différend qui m’opposait à la bande des ponctuations et des signes graphiques, j’ai pu convaincre les guillemets de rester, mais les apostrophes ont quitté la table des négociations.
Blague à part, j’ai d’abord eu peur que tout le site ne soit affecté, pour finalement m’apercevoir que seules les pages « articles » étaient touchées et que, dans ces pages, seuls les articles avec une table des matières. J’utilise un plugin pour cette « table of contents » qui a été mis à jour ce samedi. Et c’est cette mise à jour qui a produit la disparition des apostrophes (elles ne s’affichaient plus en fait). J’ai fait un rollback vers la version précédente et signalé à ses auteurs le problème.
Voilà. En tout cas, merci pour le signalement.